Allaiter un prématuré

Ma Poulette est à la limite de la prématurité, elle est née à 36 SA cependant elle n’a pas été en couveuse car elle allait très bien, c’était juste un poids plume (1,880 kg).

Néanmoins cet éloignement précoce (je n’ai pas pu la voir les premières 24h puis elle a passé 12 jours en observation en néonat) n’a pas joué en notre faveur pour le démarrage de l’allaitement. L’hôpital où j’ai accouché incite fortement les mamans de prématurés à tirer leur lait. J’ai donc commencé quelques heures après la naissance. Malheureusement j’ai appris plus tard que tout ce que j’avais tiré cette journée là n’a jamais atteint ma fille ( à l’autre bout du couloir) grâce à une infirmière particulièrement détestable (pour rester polie).

La première mise au sein s’est donc faite lorsqu’elle avait 2 jours. Enfin au lieu de mise au sein, je devrais plutôt dire découverte du sein: elle l’a regardé, léché et c’est à peu près tout. J’étais un peu déçue mais tellement heureuse d’avoir enfin mon bébé dans mes bras!

Et cela a continué comme ça pendant presque toute la durée du séjour en néonat. Parfois elle parvenait à prendre le sein en bouche et à aspirer une ou deux lampées. Cela me réconfortait beaucoup: elle sait et peux le faire! Il a donc fallu prendre son mal en patience et persévérer.

Ce qui m’a fait continuer (j’aurais pu arrêter facilement, la voir s’énerver et pleurer à mon sein était très stressant) c’est le fait que l’allaitement était le seul lien avec mon bébé, la seule chose que je pouvais encore faire pour elle après cet accouchement où on l’a expulsé de force de son cocon. J’ai donc continué à tirer mon lait à la maison (j’ai investi dans le tire-lait Freestyle de Medela) toutes les 4h environ puis je l’apportais en néonat. Il lui était donné au biberon principalement ( pas de soft cup, tasse ou pipette, il y a bien trop de bébés à s’occuper).

J’attendais le retour à la maison avec impatience pour pouvoir lui proposer le sein plus souvent. A chaque repas c’était donc le même rituel: aux premiers signes de faim je lui propose le sein jusqu’à ce qu’elle finisse par s’énerver et pleurer. Ne voulant pas la brusquer, je sortais donc du frigo un biberon de mon lait. Une fois la poulette rassasiée il me fallait donc tirer mon lait en vue du prochain repas. Bref tout ce processus me prenait au bas mot 1h30 (sein, biberon, tire-lait, vaisselle). Cela devenait de plus en plus fatiguant, surtout la nuit.

Mais j’ai tenu bon, nous sommes allées à une réunion de La Leche League toutes les deux et là-bas miracle! la miss a pris sa première tétée! Bon une toute petite mais assez pour me remonter le moral et me dire qu’on était sur la bonne voie.

Le déclic s’est produit lors de la première visite chez le pédiatre: elle avait pris du poids et bien! Quel soulagement… J’en ai donc profité pour aller faire un tour à la clinique de lactation où l’on m’a donné le conseil suivant: arrêter complètement les biberons. C’est effectivement une méthode à laquelle j’avais pensé mais la voir pleurer et la crainte qu’elle ne perde du poids m’en avait empêché.

Un matin on s’est donc jeté à l’eau, au prochain repas il n’y aurait pas de biberons. Oh il y a eu des pleurs, beaucoup de pleurs, des deux côtés… mais la consultante en lactation avait raison, elle a fini par prendre le sein. Première tétée à la maison pour ses 3 semaines!

A partir de là, Poulette a pris de plus en plus de repas au sein. Cela ne fait que 4 jours qu’elle est nourrie au sein, la mise en route est toujours un peu difficile mais cela va de mieux en mieux. Quelques biberons sont toujours en place (lors des sorties de maman ou la nuit) mais ils ne sont donnés que par le papa. On utilise les biberons Tomme Tippee qui sont censés réduire le risque de confusion sein-tétine et apparemment cela marche (on a aussi testé les biberons spéciaux « Breastflow » de la marque Fisrt Years qui se sont révélés être un désastre, elle vomissait après chaque biberon, pourtant le concept est séduisant).

L’autre bonne nouvelle? Poulette continue de prendre du poids, les joues et les petites fesses se remplissent 🙂

5 réflexions au sujet de « Allaiter un prématuré »

  1. Etant passée par là, je sais que ce n’est vraiment pas évident… Pour l’aîné, ça s’est mieux passé que pour le second, j’étais moins fatiguée, moins à cran et puis il grossissait rapidement. Et puis pour le second, ça a été beaucoup moins évident, mais je me dis que j’ai fait ce que j’ai pu et que le peu de lait maternel qu’il a eu lui a quand même été bénéfique!

  2. C’est la première fois que je lis le récit d’une maman qui a « récupéré » un allaitement commencé au biberon, et je suis impressionnée: quelle force de caractère ! Il a du t’en falloir du courage pour ne pas baisser les bras et aller dans la « facilité » (apparente). Moi qui ai eu la grand chance de vivre 2 allaitements presque sans problème (un REF tout de même, qui leur filait des coliques, mais jamais de confusion, d’engorgement, de crevasse, de douleurs), je réalise que démarrer dans des conditions comme ça ne doit pas être facile. Sans trop l’avoir prévu, j’allaite toujours ma Seconde fille de 16 mois et je peux te dire que plus ça va, plus c’est facile et enjoyable !
    Bravo et bises !

    • Merci! Ca n’a pas été facile mais l’allaitement pour moi c’était avant tout le seul moyen de faire un lien avec mon bébé… On me l’a enlevée un peu brutalement alors j’avais besoin de quelque chose qui nous relie. Heureusement elle a vite montré une nette préférence pour le sein, ça a bien facilité les choses.

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